CRÉATION & SPECIFICITE DES H.P.B.

Avant d'entrer dans une présentation plus détaillée des Habitations Protégées Bruxelloises, il apparaît nécessaire de s'arrêter, le temps de quelques lignes sur le contexte dans lequel les Initiatives d'Habitations Protégées (I.H.P.) sont nées mais également sur l'histoire des Habitations Protégées Bruxelloises et sur ce qui fait sa spécificité par rapport aux autres I.H.P. 

CRÉATION DES I.H.P.

C’est durant les années 1980 que naît le constat que l’offre en soins de santé mentale résidentiel ne répond pas ou très peu aux besoins de prise en charge des patients psychiatriques « chroniques ». Ce constat est posé notamment par des associations de parents. Il sera entendu par les politiques.

C’est dans une démarche de réflexion autour de l’engrenage « retours et prolongations » d'hospitalisations qu’est née l’idée de créer des habitations protégées. Il apparaissait en effet nécessaire de créer un espace thérapeutique intermédiaire qui permette au patient de (re)construire, à son rythme, son autonomie et de reprendre pied dans la cité tout en lui permettant de bénéficier d’un encadrement permanent. 

L’objectif poursuivi est de stimuler leur émancipation et de les accompagner pour réintégrer la société par la mise en place des démarches nécessaires. 

C’est ainsi que vers la fin des années ‘80, apparaît une nouvelle forme de prise en charge résidentielle spécifique pour les personnes atteintes de troubles psychiques et qui n’ont pas ou plus besoin de soins continus à l’hôpital. Les résidents y vivent individuellement ou en groupes restreints, ils peuvent participer à des activités journalières et jouir d'un encadrement hebdomadaire. 

L’Arrêté Royal qui institue les Initiatives d’Habitations Protégées et fixe les normes de fonctionnement a été publié au Moniteur Belge en juillet 1990. Il officialisait l’existence de structures qui fonctionnaient depuis quelques années et en entérinait les pratiques les plus courantes. L’agrément des I.H.P. (Initiatives d'Habitations Protégées) par les autorités constitue un moment important dans la diversification de l’offre des soins en santé mentale. 

Une deuxième forme d'habitat et de soins verra le jour dans le même temps : les Maisons de Soins Psychiatriques (M.S.P.).

Ces deux formes d’accompagnement et d’habitat (I.H.P. et M.S.P.)  visent à réduire davantage le nombre de lits psychiatriques. Mais la création de ces places résidentielles pour des patients chroniques montrera très vite ses limites face à la fermeture (en nombre) des lits psychiatriques hospitaliers. 

C’est la raison pour laquelle plusieurs autres initiatives seront soutenues par les ministres en charge de la santé, notamment la création du Projet 107.

CRÉATION DES H.P.B.

En 1993, sous l’impulsion conjointe du CPAS de Bruxelles, du CHU St-Pierre, du CHU Brugmann d’une part et du Service de Santé Mentale Antonin Artaud, d’autre part, les Habitations Protégées Bruxelloises et l’Initiative Antonin Artaud sont fondées et agréées sous la coupole de la « Coordination des Initiatives d’Habitations Protégées Bruxelles-Centre ».

Alors que généralement les Initiatives d’Habitations Protégées étaient pensées sur un mode communautaire et constituées de petites unités d’habitations pour maximum cinq patients, les deux structures nouvellement créées ont pris le parti de ne proposer que des logements individuels. Cette nouvelle forme a immédiatement répondu à une forte demande. 

Le CPAS de Bruxelles a fourni les logements. Ces logements, situés au cœur de la ville, dans un triangle dont les sommets sont le Petit Château, la Porte d’Anvers et le Béguinage, sont toujours distribués dans des immeubles « mixtes », où rien ne distingue l’habitation protégée du logement « ordinaire ».

Pour des raisons évidentes, le bureau initialement installé dans l’enceinte du CHU Brugmann (site Horta) se transporta très vite au centre ville. 

En 1998, l’équipe se trouvera pour la première fois en situation d’accompagner la grossesse et l’accouchement d’une patiente. C’est dans le décours de ce suivi que l’équipe s’est rendue compte qu’il existait là un besoin non rencontré, et que beaucoup de patients se trouvaient face à l’impossibilité de construire et de vivre leur vie de parent en habitation protégée. Ce sera le point de départ d’une démarche qui se structurera au fil des rencontres : notre projet parent/enfant. 

Notre service s’est donc progressivement ouvert à des accompagnements de situations spécifiques, comme les pères ou mères avec enfant(s), les femmes enceintes nécessitant un suivi pré- et post- natal. Le pari était, et reste à ce jour, que des personnes en grande difficulté psycho-sociale peuvent, avec un suivi adéquat, se révéler être des parents « suffisamment capables », évitant ainsi des mesures de placement. 

UNE DES SPECIFICITES DES H.P.B.: L'ACCUEIL DES FAMILLES MONOPARENTALES

Ce qui fait la spécificité des H.P.B. c'est notamment l'accueil des familles monoparentales et la mise à disposition de logements de types individuels.

A la différence des autres I.H.P., ce  qui fait en effet la spécificité des H.P.B. c’est l’accompagnement de parents (isolés) avec enfants. Suivant les cas et dans la mesure de nos possibilités, les enfants de la personne hébergée peuvent être accueillis à temps plein ou à temps partiel. Il s’agit là d’un véritable enjeu. 


En plus de proposer un suivi pour les familles monoparentales, les H.P.P. proposent également des logements individuels. Ils sont au nombre de 17 et sont répartis sur trois sites différents. Ils sont situés dans des immeubles qui appartiennent au CPAS de la ville de Bruxelles, non loin du centre historique.  D'autres locataires lambdas habitent dans le même immeuble ce qui rend par conséquent l'habitat moins stigmatisant.